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Les soldats alsaciens de 1914 n'étaient pas des Malgré-Nous
1er octobre 2022
Le 80e anniversaire du décret du 25 août 1942 instaurant l’incorporation de force en Alsace a suscité une étrange revendication : d’aucuns souhaitent qu’on ne parle plus de Malgré-Nous pour désigner les Alsaciens incorporés de force par l’Allemagne nazie, mais ceux qui ont servi dans l’armée allemande de 1914. Une erreur, dénoncée par Eric Ettwiller, président d’Unsri Gschìcht.
L'étonnante déclaration de Jean-Laurent Vonau
Dans les Dernières Nouvelles d’Alsace du 30 septembre dernier, l’historien Jean-Laurent Vonau affirme que « ceux qui ne connaissent pas le sujet parlent indifféremment d’incorporés de force [et] de Malgré-Nous ». « Pourtant, en 2003, lui-même publiait un livre sur le procès de Bordeaux – où 13 incorporés de force furent jugés – avec pour sous-titre « Les Malgré-Nous et le drame d’Oradour » », relève Eric Ettwiller. L’agrégé d’histoire n’ose pas croire que les centaines d’auteurs qui, comme l’historien Nicolas Mengus, qualifient les incorporés de force de Malgré-Nous soient tous des gens « qui ne connaissent pas le sujet ».
Les incorporés de force étaient des Malgré-Nous
« Les deux termes ne sont peut-être pas des synonymes, mais ils sont les deux faces d’une même réalité », explique le président d’Unsri Gschìcht : « celui d’incorporé de force renvoie au statut juridique des soldats enrôlés par un pays qui n’est pas le leur, tandis que celui de Malgré-Nous invoque la conscience meurtrie de ces soldats ». Les incorporés de force eux-mêmes se sont largement reconnus sous le nom de Malgré-Nous, qui a été adapté en Malgré-Elles par les femmes contraintes de servir dans les forces armées allemandes. « Rien à voir avec l’usage extrêmement limité de l’expression Malgré-Nous durant l’entre-deux-guerres, lorsque quelques Mosellans francophones l’ont inventée pour réécrire leur expérience de la Première Guerre mondiale dans l’armée allemande », compare Eric Ettwiller.
Les soldats du Kaiser n'étaient pas de Malgré-Nous
Alors que les commémorations de l’armistice de 1918 approchent, un rappel s’impose donc : les 380 000 Alsaciens-Lorrains mobilisés dans l’armée allemande pendant la Première Guerre mondiale étaient nés Allemands, avaient fréquenté l’école allemande, avaient fait leur service militaire dans l’armée allemande et, dans la majorité des cas, ils ne parlaient pas le français. « Ces soldats ont accompli loyalement leur devoir envers leur patrie d’alors, l’Allemagne. Aussi, désigner ces soldats comme des Malgré-Nous serait non seulement une erreur historique, mais aussi une insulte à leur mémoire », s’inquiète le président d’Unsri Gschìcht, qui, cette année encore, sensibilisera les communes d’Alsace et de Moselle au respect de leur histoire régionale spécifique.
Dans L'Ami Hebdo du 9 octobre 2022 :